La villa Carmignac, c’est d’abord la concrétisation d’un coup de foudre. Quand il y a vingt ans, Edouard Carmignac, riche financier est invité à un mariage entre Jean Rochefort et Françoise Vidal à la villa, il en tombe amoureux lui aussi, mais de la villa. Il demande alors au propriétaire de pouvoir lui racheter la bastide pour y installer un musée. Il faudra attendre 2013 pour que son rêve se réalise. Cinq années de travaux plus tard, un musée d’art contemporain voit le jour au centre de l’île de Porquerolles. Il ouvrira le 2 juin 2018.
« Ce musée est une grande chance mais aussi un grand défi » Jean-Pierre Giran, maire d’Hyères
La villa est construite entre les plages, les vignes et le Fort Sainte Agathe. Si ce décor est si paradisiaque, c’est aussi parce que nous sommes dans un lieu hyper sauvegardé au cœur du Parc National de Port-Cros.
Autant dire que les architectes ont dû résoudre un sérieux casse tête: Comment construire un musée moderne d’art contemporain sans jamais dénaturer cette île préservée?
« On oublie son égo » sourie l’architecte Mouktar Ferroudj. Pas question donc de construire un bâtiment au look futuriste vu de l’extérieur.
Le cahier des charges paraît tout simple : L’apparence extérieure de l’ancienne villa ne doit pas changer. Les espaces d’exposition ont donc dû être trouvés ailleurs, c'est-à-dire sous terre.
« Le projet ne devait pas modifier l’apparence de la villa existante. Nous avons donc dû la suspendre et creuser dessous 2.000m² d’espaces » Mouktar Ferroudj, architecte du bâtiment (agence GMAA)
Afin d’éviter de se retrouver dans une cave, l’architecte a dû jouer avec les puits de lumière pour aménager cet espace souterrain en forme de croix. Une grande dalle de verre de 70m², avec de l’eau au dessus, permettra d’offrir un rendu inédit : en journée de la lumière plongeant vers l’intérieur et la nuit, une vision extérieure et des œuvres éclairées sous l’eau.
« Nous devions jamais avoir l’impression d’être en sous-sol » Charles Carmignac, directeur de la fondation Carmignac
Autour de la villa, l’art contemporain s’installe dans un grand jardin. Une vingtaine d’œuvres ont été commandées.
Elles seront réparties sur deux espaces: au nord, le jardin sera « immersif » dans une prairie avec des cabanes et installations où le public pourra même parfois rentrer dedans. Au sud, le jardin sera plus classique. Entre les oliviers et la forêt méditerranéenne, d’autres œuvres modernes seront présentées.
Ce musée est imaginé comme une expérience initiatique où les cinq sens sont mis en éveil.
Avec ses 300 œuvres d’art, c’est d’abord et bien sûr un parcours visuel.
Le toucher est au cœur du musée : La visite est « ritualisée », et le visiteur est invité à laisser ses chaussures dans un casier et parcourir l’exposition pieds nus. «On a choisi des pierres particulières afin que l’énergie circule » explique l’architecte.
Le nombre de visiteurs sera limité à 50 personnes à la fois, précisément pour favoriser cet échange avec l’art et la faculté de se retrouver seul face à une œuvre.
Le goût sera aussi mis à contribution. A l’entrée du musée, le visiteur sera invité à déguster une boisson concoctée à base de plantes du jardin ou les vins produits sur l’île.
Pour l’odorat, c’est le rôle du jardin : Les cistes et autres plantes méditerranéennes ou exotiques embaumeront le visiteur.
Enfin l’ouïe n’est pas en reste. « Le musée a été conçu comme un parcours musical » nous confie Charles Carmignac, qui est aussi l’un des musiciens du groupe Moriarty. C’est donc tout naturellement que la villa devrait accueillir des événements musicaux: le festival Jazz à Porquerolles, le Théâtre Denis ou encore le Liberté Hors les Murs.
Le musée devrait proposer chaque année une exposition thématique différente, en grande partie issue de la collection privée de la fondation mais également de prêts d’œuvres.
