Playlist #1

Un voyage éblouissant à travers l’oeuvre du chorégraphe, Angelin Preljocaj. Loin d’une rétrospective de morceaux choisis, "Playlist #1" est une création à part entière, une pièce qui semble écrite d’un trait et dont l’art et l’ingéniosité produisent des résultats miraculeux. Concentré extra pur d’une danse virtuose, "Playlist #1" nous plonge dans un état de grâce et de contemplation extatique. C’est de la haute couture, du sur mesure cousu à même la peau et la chair des danseurs qui donnent vie aux inspirations du chorégraphe.

Plutôt qu’une « playlist », on pourrait évoquer un « remix » tant les extraits s’imbriquent et créent une nouvelle dramaturgie grâce à des transitions étonnamment organiques. Les interprètes de retour à Berratham ouvrent la soirée tel un choeur antique, avec des unissons lents et fusionnels. Dans une ambiance de haute densité émotionnelle, les danseuses finissent par former un cercle rituel avant d’arriver aux extraits de "Spectral evidence" créée pour le New York City Ballet. Le cercle s’ouvre et se disperse, laissant seule en scène une danseuse qui s’adonne à sa rêverie. Nous venons d’entrer dans les nuits... A partir de là, les duos arrivent en force, graphiques et précis. Preljocaj y renouvelle sans cesse le vocabulaire du pas de deux, superpose des émois contemporains sur ce langage historique : les femmes n’y sont pas des oiseaux gracieux que les hommes élèvent aux cieux mais des jeunes filles curieuses, avides, découvrant la peau de l’autre et décidant de céder au désir. Les corps se touchent, inventent des appuis inattendus, des positions inédites. Shéhérazade fait cesser la violence du sultan, Katja fuit son mari imposé, Juliette cherche la vie dans le corps éteint de Roméo. Car les duos de Preljocaj racontent l’instant où les individus s’expulsent hors d’eux-mêmes pour devenir ensemble un corps réinventé