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Jazz à Carthage, la culture pour rebondir

Direction la Tunisie pour un focus sur le Festival Jazz à Carthage. Après une période difficile, le festival connaît un renouveau cette année, à l'image de la Tunisie.

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 09/04/2017
Jazz à Carthage, la culture pour rebondir

La Tunisie compte peu d'événements culturels d'envergure méditerranéenne mais Jazz à Carthage est un temps fort incontournable pour les amateurs de jazz et de musiques actuelles. Le festival fête sa douzième édition avec un plateau de grande qualité à l'image de Liam Bailey, d'Aaron ou encore des Suédois de Jay Jay Johanson.

Un succès en terme de programmation qui se concrétise aussi dans le public : "On ressent un rebond, nous avons 4 concerts sold-out cette année, et beaucoup où nous sommes à plus de 70/80% de remplissage. C'est un record !" explique le directeur du festival Mourad Mathari.

La festival, à l'image de la Tunisie, sort d'une période difficile après la révolution de 2011 et l'arrivée au pouvoir des islamistes. Les attentats ont profondément impacté l'afflux des touristes et c'est toute l'économie du pays qui est en souffrance. "Les cinq dernières années ont été très difficiles avec la révolution et tout ce qu'il s'en est suivi. On a du reporter l'édition en 2011, nous étions en plein dans les événements. Les années suivantes, nous avons pris le risque et le courage de maintenir la manifestation. Les assurances et les sponsors ne nous suivaient plus. " précise Mourad Mathari.

Restaurer la confiance avec les artistes internationaux

Au delà des enjeux économiques, c'est la sécurité qui reste la question prioritaire, surtout quand un événement à une vocation internationale. La situation sécuritaire s'est amélioré ces derniers mois, elle permet de rebâtir.

"Il faut les convaincre les artistes, c'était difficile. Il y a une semaine, l'artiste anglais, Liam Bailey ne voulait plus venir parce qu'il avait appris que le Foreign Office indiquait que la Tunisie était une zone dangereuse. Il a fallu qu'on lui explique. Au final ça s'est très bien passé, il était très content, il à même dit à sa maman de revenir ici en vacances!
Au final, nous participons un peu à la promotion d'une image de marque de la Tunisie à travers la culture. Les gens sont très heureux lorsqu'ils ressortent des concerts de Jazz à Carthage."

Et conquérir un nouveau public

Organisé dans un palace en périphérie de la ville, le festival doit aussi reconquérir le public tunisien. Depuis quelques années, le festival s'est ouvert à plusieurs musiques. "Il y a du jazz, on assume notre nom, mais on s'ouvre à des musiques qui sont proches du jazz." Des musiques capables de séduire plus facilement les étudiants à l'image de Ben l'Oncle Soul.

L'autre pari du festival c'est d'impliquer la population en allant à sa rencontre. Le festival a ainsi organisé un concert sur l'Avenue Bourguiba au centre de Tunis, l'équivalent de notre Canebière.

"On a pu s'approcher du public, permettre d'assister gratuitement à des concerts et de conquérir un nouveau public. On a senti que les gens étaient très heureux, et ça nous encourage à développer et agrandir ce genre de rencontres. On a aussi des résidences d'artistes à Sousse avec des musiciens tunisiens, on a réintroduit cette année les jazz club. "

La Culture comme moteur du rebond tunisien

Connue pour ses plages et ses prix attractifs, la Tunisie bénéficie d'atouts culturels exceptionnels mais qui ont été mis de côté pour des raisons idéologiques puis sécuritaires depuis 2011. Des théâtres, des cinémas ont fermé faute de soutien et de volonté publique. Comme un symbole, c'est le musée national du Bardo qui a été pris pour cible en premier par les terroristes islamiques.

La culture a été malmenée dans cette période trouble mais peut être aujourd'hui un vecteur fort de développement. "On se bat. On veut tous contribuer à la relance de notre pays. On sait qu'il y a des difficultés économiques, des batailles politiques. Nous sommes un jeune démocratie et nous allons être un exemple pour le monde, parce que nous avons réussi cette transition. Notre défi c'est de relancer l'économie, et relancer le tourisme, et ça passe forcément par la culture, l'enseignement des gens, la formation, par l'ouverture et les échanges. On veut dire qu'il n'y a pas que le tourisme balnéaire, il y a plusieurs autres alternatives qu'il faut défendre et encourager. On va certainement y arriver." explique Mourad Mathari.

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