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Euro 2016 : sous le choc le Vieux Port veut reprendre vie

Ce dimanche soir, une réunion informelle était organisé entre les bars et restaurants du Vieux Port, la police et les élus de la ville de Marseille. L'objectif, essayer de comprendre ensemble ce qu'il s'est passé et pourquoi la situation a basculé dans ce chaos.

Publié par Redac . le 12/06/2016
Euro 2016 : sous le choc le Vieux Port veut reprendre vie

Une étincelle et tout s'est enflammé. A 15h30 sur le Vieux Port, l'ambiance était encore conviviale. Les supporters célébraient dans la joie le match à venir... Une joie éphémère qui a tourné au bain de sang, à la "guérilla" avec pour champs de bataille le Vieux Port, la rue Fort Notre Dame, les escaliers de la Place Estienne d'Orves, et pour armes les chaises des commerçants du quartier, les nombreuses bouteilles de bière que les hooligans ingurgitaient depuis sûrement trop longtemps. Les patrons de bars interrogés décrivent des scènes de guerre. Un restaurateur nous confie son "impression d'avoir été complètement abandonné durant une dizaine de minutes", le temps que les CRS interviennent. 

"Les gens nous suppliaient de les faire rentrer pour se protéger à l'intérieur" une responsable d'un restaurant du Cours d'Estienne d'Orves

Au lendemain des violences commises sur le Vieux Port, l'heure est aux réparations. On peine à croire que de tragiques événements ce sont déroulés hier sur le Vieux Port. En quelques heures à peine, tout a été nettoyé, seuls quelques débris de verre témoignent des affrontements. Si les bars ont fermé leurs portes hier soir, ils étaient nombreux à ouvrir ce dimanche. "On a aidé à nettoyer le Port, il y a eu une sorte de solidarité", nous indiquait le serveur de l'un d'eux. "Fiers de nos rues, de notre ville", le slogan affiché sur les camionnettes de nettoyage de la ville qui sillonent encore le quartier n'a jamais pris autant de sens.

Les dégâts matériels sont finalement limités. Quelques chaises et tables cassées ou emportées ici et là. Non, les vrais dégâts sont psychologiques. Les bars et restaurants restent traumatisés par cette violence inégalée. "Même lors des incidents de 1998, nous n'avions pas atteint ce degré de violence" explique un cafetier du Vieux Port. 

Il n'y a pas que les patrons de bar, ce sont aussi et surtout les touristes qui ont été choqués. La fréquentation du Vieux Port n'est pas celle qu'on a l'habitude d'enregistrer un dimanche estival, il y a tout de même du monde attablé aux terrasses : des marseillais profitant de la chaleur, des anglais faisant un peu de tourisme, des supporters attablés sirotant une bière sans leurs étendards. "Nous avons honte pour notre pays. Comment peut-on en arriver là et détruire un si joli lieu ?", confie une famille anglaise venue à Marseille pour l'Euro, mais aussi pour visiter. 

Solange Biaggi, Adjointe au Maire déléguée au Commerce, Artisanat, Professions libérales et grand centre-ville affirme que le comportement de "quelques dizaines de hooligans ne devait pas gâcher la fête". Elle précise également  vouloir "demander le déblocage d'un fonds d'indemnisation pour dédommager les commerces vandalisés" auprès "des consulats d'Angleterre et de Russie".

Affrontements sur le Vieux Port : A qui la faute?

L'alcool ? La police pas assez réactive ? L'élue à la sécurité, Caroline Pozmentier nous explique par la métaphore que la ville a traversé de plein fouet la tempête annoncée mais bien plus forte que prévu. Cela fait des mois pourtant que les différents services de police et secours se préparaient pour l'événement. 

"Depuis jeudi soir (les premiers incidents NDLR), c'est monté crescendo. On le voyait venir, on le savait, on se demandait juste à quelle heure ça allait péter" explique un responsable de bar du Quai de Rive Neuve. Pour ce qui est de l'intervention policière, certains pointent du doigt des effectifs insuffisants (1200 policiers et gendarmes déployés). D'autres estiment que les effectifs n'étaient pas assez préparés. Pour le Préfet de Police Laurent Nunez, le dispositif "est suffisant pour l'instant". "Le dispositif que nous avions bâti portait sur toute la journée (...) et sur l'ensemble de la ville. (...) Globalement, ils ont pu contenir les incidents", ajoutait-il au micro d'I-télé, poursuivant  "que l'efficacité du dispositif a permis d'empêcher des dégradations majeures comme des feux de voitures ou des pillages de magasins, mais aussi d'assurer la sécurité des passants". En clair, ça aurait pu être pire. 

La tension reste perceptible du côté des professionnels. Ils reconnaissent ne pas avoir de solution face à ces "hordes de sauvages" comme les qualifie Yves Moraine, le Maire du 6-8 présent également ce soir. "Nous sommes inquiets, dans quelques jours ce sera Pologne-Ukraine, un match à risque le soir de la Fête de la Musique." 

La vente et le transport d'alcool désormais interdits

L'alcool est l'une des principales causes des débordements. Durant des heures et en plein soleil, les différents groupes de "supporters" anglais et russes ont consommé avec excès de la bière. A qui la faute ? Les bars du centre ville expliquent avoir joué le jeu en cessant dès que possible de vendre les pintes. Mais, ils nous expliquent aussi qu'il leur était parfois impossible de refuser ou de fermer leur établissement alors qu'une cinquantaine de supporters envahissaient leurs terrasses. Le moindre refus se serait traduit par des violences à leur égard. Ils pointent aussi du doigt le rôle des superettes et des hypermarchés de la ville. En effet, beaucoup sont arrivés avec leurs packs de bière. Outre la consommation débridée d'alcool, ces bouteilles en verre ont fini comme dangereux projectiles. 

Ce dimanche soir, le Ministre de l'Interieur Bernard Cazeneuve, a interdit la vente et le transport d'alcool dans les zones sensibles les jours et veilles de match, et à proximité de la Fan Zone. En clair, il sera interdit de vendre de l'alcool à emporter ( épiceries, superettes) ou de venir avec ses packs dans le centre de Marseille lors des prochains matches. Une mesure qui ne devrait pas concerner les bars et restaurants. Une incertitude planait tout de même sur le sort de la vente en terrasse avec la définition de "domaine public".

"J'ai demandé aux préfets de prendre toutes les mesures utiles visant à prohiber, les veilles et jours de matchs, et les jours d’ouverture des fan-zones, dans les périmètres sensibles, la vente, la consommation et le transport de boissons alcoolisées. Cette mesure pourra concerner le domaine public, les commerces de proximité, ainsi que les débits autorisés en cas de vente à emporter." Bernard Cazeneuve

 

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