L'exposition croisée des œuvres de Van Gogh et Monticelli s'inscrit comme une « priorité événementielle culturelle » pour la ville de Marseille, selon son maire Jean-Claude Gaudin.
Evénement d'envergure, en effet, que cette exposition proposant la redécouverte des oeuvres de Van Gogh à la lumière de celui qui l'a inspiré et guidé.
Le rapprochement formel entre Van Gogh et Monticelli peut choquer, tant la reconnaissance et la popularité du premier écrasent la modeste notoriété du second. Il n'en a pourtant pas toujours été ainsi, et comme en attestent ses nombreuses correspondances, Van Gogh se reconnaissait dans l'oeuvre de Monticelli au point d'en vouloir être le continuateur : "Je suis sûr que je continue son oeuvre, ici, comme si j'étais son fils ou son frère, (...) reprenant la même cause, continuant la même oeuvre (...)" *
La peinture de Monticelli fut l'une des premières découvertes artistiques de Vincent arrivant à Paris en 1886 (date de la mort de Monticelli). Ce sera l'un des éléments clefs de sa décision de venir séjourner en Provence. On apprend dans ses correspondances que Van Gogh se rendait à Marseille lorsqu'il s'est arrêté pour son fameux séjour arlésien.
Il venait y rencontrer les thèmes, la couleur et la matière travaillés "en plein jaune orangé en plein soufre" (selon l'expression même de Van Gogh), par le peintre marseillais : la lumière du midi, les champs écrasés de chaleur, la primauté de la sensation sur le motif.
L'exposition se propose de montrer en parallèle ces sujets qu'ils ont tous deux traités afin de mettre en évidence leur conception de la peinture.
Admiratif de l'artiste Monticelli, Van Gogh se reconnaît aussi dans l'homme :
" (...) Quand mon ami Gauguin sera ici et lorsque nous irons à Marseille, ma ferme intention est d'aller me promener sur la Canebière, habillé exactement comme Monticelli dans le portrait que j'ai vu de lui, avec un énorme chapeu jaune, une jaquette de velours noir, des pantalons blancs, des gants jaunes, une canne de bambou et un grand air méridional (...) " *
Plus d'une cinquantaine de tableaux seront exposés à La Vieille Charité, dont 18 de Van Gogh. L'idée d'une exposition aussi ambitieuse a pu se réaliser grâce au prêt de musées nationaux (Musée d'Orsay, Musée Rodin), et étrangers (Metropolitan Museum of Art de New-York, Nationalmuseum de Stockholm, Israel Museum de Jérusalem, Van Gogh Museum d'Amsterdam), mais aussi grâce à la mobilisation de collectionneurs privés, sans qui l'opération n'aurait pas eu la même densité (plus de 20 tableaux proviennent de collections particulières).
Selon l'administrateur Général de la RMN (Réunion des Musées Nationaux, partenaire de l'opération), plusieurs millions d'euros de frais de transport des oeuvres, d'assurances et d'accrochage, auraient été engagés pour cette exposition. C'est ainsi que la Directrice des Musées de Marseille, Marie-Paule Vial, justifie le mécènat de Total et BNP Paribas, qui, précise-t-elle, ne doit pas pour autant se substituer à une politique publique de financement. A eux deux, les groupes Total et BNP Paribas couvrent 25 % du coût total de l'exposition (soit 400 000 € sur 1,6 millions environ).
Mise sur le devant de la rentrée culturelle marseillaise, l'exposition Van Gogh-Monticelli vient à point pour la ville de Marseille, candidate au titre de capitale européenne de la Culture. Elle défendra de fait son dossier devant le jury le 16 septembre (jour de l'inauguration de l'exposition), avec en sa faveur un outil de communication culturellement correct.
Un événement majeur, donc, qui devrait faire bon effet à Bruxelles, et assurer, à l'instar d'autres manifestations promues par la municipalité comme le Festival de Marseille, ce que Jean-Claude Gaudin appelle d'une voix aussi lumineuse que l'idée : "le rayonnement de Marseille".
Entre 250 000 et 300 000 visiteurs sont attendus entre le 16 septembre et le 11 janvier, dates de début et de fin de l'exposition, au Centre de la Vieille Charité.
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* (extraits de The Complete Letters of Vincent van Gogh (Greenwich, 1958, III, 446, n°W.8).
Marion Bonnefond