« Par un malentendu qu’on doit à Camus lui-même, l’œuvre du philosophe est indûment découpée en trois étapes : d’abord l’expérience de l’absurde (la confrontation de l’appel humain et du silence des choses), puis la révolte, et enfin l’amour.
Or, rien n’est plus faux.
L’œuvre de Camus conserve, comme un secret douloureux, l’absurde au cœur de la révolte et la révolte au cœur de l’amour.
Et pourquoi le fait-elle ? Parce que c’est par la grande porte de l’amour que Camus entame son œuvre ! Noces en témoigne, qui déplie sur quatre nouvelles l’écheveau d’une âme qui “pense clair et n’espère plus” mais ne voit, dans ce désespoir vainqueur, qu’une raison supplémentaire de jouir de l’existence. Cet invraisemblable poème en prose où une conscience en exil éprouve simultanément l’expérience de l’extase, la passion des corps chauds, le délice de l’eau fraîche et le refus de l’injustice. »
Raphaël Enthoven