chargement en cours

Pascal Obispo ''Etre libre, ça n'a pas de prix!''

Pascal Obispo se confie à l'occasion du spectacle Jésus présenté à Marseille cette semaine. 2018 sera une année dense pour l'artiste qui est aussi juré dans The Voice et sort un nouvel album.

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 27/01/2018
Pascal Obispo ''Etre libre, ça n'a pas de prix!''

Pascal Obispo était présent ce vendredi à Marseille pour présenter son nouveau spectacle Jésus actuellement en tournée. Si lui a composé les chansons, c'est Christophe Barratier qui a conçu la mise en scène. Le chanteur et auteur compositeur lance un nouveau pari avec ce spectacle audacieux qu'il qualifie comme fresque historique mais pas comme un spectacle religieux. 

Bonjour Pascal Obispo, comment se passe le début de la tournée du spectacle Jésus?

Je suis allé à la première à Nantes, c’est normal d’accompagner ma troupe. A l’époque d’Adam et Eve, ma deuxième comédie musicale, on n’a pas eu la chance d’aller en tournée. Il faut que le public soit présent.

Le test c’est Paris. Pour Jésus, ça s’y est bien passé, mais j’ai presque l’impression qu’il y a plus de monde en province.

A Nantes, il y a 8500 personnes qui nous attendent, à Lille aussi. Ce qui prouve que Christophe Barratier a bien bossé, et que les valeurs développées par cet homme, Jésus, lors des trois dernières années de sa vie intéressent et interpellent.

Ce n’est pas un spectacle religieux, c’est davantage un spectacle sur l’histoire ?

Exactement. C’est celle qu’on connaît le plus. En me replongeant dans la bible, j’avais envie d’aller à l’essentiel, et d’aller à la genèse de mes fondations et de pas mal de gens. Et aussi, sans le savoir, en ayant un peu oublié pourquoi on était comme ça et on agissait de telle manière. Pourquoi on avait ces valeurs là, ces valeurs de solidarité, de partage et pourquoi elles étaient aussi fortes. Quand on lit les évangiles, quand on parcourt la vie de Jésus, on s’aperçoit qu’il était comme ça.

Il aidait les pauvres, les prostituées, les malades. Vous avez qu’à regarder comment ça se passe aujourd’hui en France, avec ces associations qui font ça naturellement. Souvent sans prendre conscience, que, s’ils lisaient la bible, ils verraient une correspondance avec la vie de Jésus ; en tout cas l’histoire de cet homme, car il n’est pas question dans ce spectacle de parler de religion. 

Rien qu’en parlant des valeurs, on s’aperçoit qu’on est à l’origine de tout notre fonctionnement et toute notre attitude. Ce gars est profondément moderne!

Les gens sont venus voir le spectacle, écouter de la musique, voir des chanteurs, un spectacle de Christophe Barratier, mais quand ils écoutent aussi l’histoire.

On a écrit une fresque. Ce n’est pas une comédie musicale où on en met plein les yeux, c’est un spectacle humain, avec toutes ses valeurs, simple et humble. C’était beaucoup plus difficile, et c’est ça la performance de Christophe Barratier.

Vous avez joué une sobriété surprenante...

Dans les spectacles, c’est un peu la surenchère. On se trompe. On a l’impression, qu’en rajoutant des effets, que c’est comme ça qu’on va les capter, les attraper. Ben non!

J’ai joué dans les Zéniths pendant 15 ans, et quand je suis retourné dans des petites salles, avec seulement mes chansons, j’ai retrouvé l’échange et la correspondance avec les gens. Partager de très près.

Avec Jesus c’est pareil. C’est l’histoire qui intéresse les gens. On aurait vu le Christ s’envoler, je pense que ça aurait été ringard ! On l’aurait vu marcher sur l’eau ? On aurait pouffé. (rires)

Par exemple pour la crucifixion, le choix de Christophe Barratier, c’était de voir le visage de Marie et des observateurs, plutôt que de voir Jésus qu’on a vu depuis le début. Sans doute aussi, on a été un peu choqué par le film de Mel Gibson, avec toute cette violence et ce sang depuis le début.

Il y a aussi, peut être, une adaptation à notre époque, qui en a marre de voir tout cet étalage de sang, d’horreurs et d’ordures dans les journaux télévisés.

Saint Jean-Pierre Pernaut priez pour nous! Mais finalement, c’est un résistant qui nous fait du bien. Quand je tombe sur un de ses trésors, je dois vous dire, ça me fait du bien !

Christophe avait envie de nous faire du bien, de faire un Jésus qui allait développer des valeurs qui correspondaient à l’époque. Sans le bling bling.

Est-ce que la période est toujours propice aux comédies musicales ? On se souvient des années 2000 où il y avait pléthore de spectacle qui cartonnaient.

Le public est exigeant, et il a le droit, il ne faut jamais le sous-estimer. Il faut aussi qu’il comprenne qu’un spectacle, ça peut être traité de manière différente.

Avec Jésus, on a fait une " anti comédie musicale ".

Pour moi, faire une comédie musicale avec un sujet et chercher des chansons qui soient efficaces sans vraiment faire attention au concept… Ca s’appelle un spectacle industriel. Ce n’est pas comme ça que je conçois les choses.

Si les gens se sont lassés, c’est peut être qu’il on eu le sentiment de voir le même spectacle qui revenait sans arrêt, avec des chanteurs et des chansons interchangeables. Si le public vient moins, c’est peut-être qu’il a eu le sentiment d’être trompé, c’est lui qu’il faut écouter, il faut le respecter. J’en suis peut-être aussi responsable. Sur Adam et Eve (son dernier spectacle qui n’a pas fonctionné NDLR), j’ai peut être fait des choses qu’il ne fallait pas. Sur Jésus, on a voulu changer, y compris l’appellation. Ca n’a rien à voir avec les autres spectacles musicaux.

Vous avez fait des choses très différentes dans votre carrière. Là, vous vous lancez dans un spectacle, sans vous mettre sur scène. Vous laissez votre projet à d’autres...

C’est d’abord s’enrichir en rencontrant des gens. Au niveau musical, c’est la curiosité du compositeur, d’aller dans des domaines que je n’ai pas exploré. Pour moi, un grand compositeur, c’est un compositeur qui peut composer sur tout. Aussi bien du tango, de la valse que des musiques de film… Peu importe. Etre capable d’être curieux, de s’adapter.
Ce qui m’intéresse, c’est de rencontrer des artistes, c’est aussi pour ça que je me suis inscrit à The Voice cette année.

Quand je vois un talent, j’ai autant à apprendre de lui.

Si je me retourne, c’est parce que je suis attiré, non pas parce que j’ai un truc à corriger. Parce qu’il y a quelque chose qui me séduit, ou que je ne comprends pas et que j’ai envie de découvrir.

 

Dans The Voice, il y a aussi la découverte de jeunes talents, l’accompagnement d’artistes. Vous pourriez être dans votre coin, avec votre carrière, votre réputation...

"Carrière, réputation" Ce sont des mots qui ne m’habitent pas. Chacun à sa propre philosophie de vie. Moi, si j’avais du faire une carrière dans la musique, je pense que je n’aurai pas fait ça. J’aurai réfléchi, sans être spontané. J’aurai été plus intelligent, ce que je n’ai pas forcément été pour faire une carrière.

J’ai réfléchi dans le sens du compositeur, pour s’enrichir musicalement. Quand un artiste vient vous voir pour lui faire un album en expliquant qu’il adore ce que vous faites, ben, moi je décide d’y aller, parce que ça m’intéresse.

En plus, j’ai envie de clouer le bec à certains. J’ai envie de démontrer qu’ils ont tord. Je veux combattre les à priori, la bêtise humaine. Et c’est aussi ce qu’a fait Jésus.

Je suis ancré de valeurs que j’ai du apprendre au catéchisme. Ca m’est resté et voilà pourquoi je suis investi dans Ensemble contre le sida par exemple. Il faut assumer ce que l’on est, ne pas se cacher, et dire vraiment les choses.

C’est ce qui est bien dans la chanson, quand elle est assumée. C’est aussi ce qu’on essaye de faire dans ce spectacle. On s’engage, on dit des choses, on propose des idées, on développe des valeurs.

Jésus, regardez quel est ce mec si moderne, qui est l’idole de toutes ces associations qui aident les autres.

Tous vos albums sont différents. Il y a aussi une prise de risque...

Une prise de risque, ça s’appelle une carrière. Quand il n’y en a pas, ça s’appelle la liberté.

Etre libre, ça n’a pas de prix! J’ai la chance d’être libre parce que j’ai écrit pour d’autres personnes, ça m’a permis d’être plus confortable dans mes albums personnels. C’est plus facile d’écrire pour Florent (Pagny) que d’écrire pour moi !

Pour écrire pour soi, il faudrait d’abord connaître qui on est. On a plus d’approche, de savoir sur les autres mais finalement, le soi, on ne sait pas trop qui on est. J’avais demandé ça à ma maison de disques l’autre jour « qu’est ce que vous voulez que je fasse ? » Ils m’on répondu, du Obispo… C’est intéressant cette réponse. Je sais que je suis quelqu’un qui cherche. Si je dois faire une chanson qui me résume en 3 minutes, elle va avoir combien de couleurs ? Africaines, anglaise, espagnole, américaine… Ce sera certainement une chanson ratée!

Et le prochain album alors ?

Sur le prochain album, j’ai écrit 85% de tous les textes pour la première fois. J’étais un peu dilettantiste avant quand j’écrivais les textes.

Je voulais être pop ! C'est-à-dire léger. Rien dire, mais bien !

Pouvoir chanter un air sans s’apercevoir ce que l’on dit. Etre bien. C’est ça la pop music !

Avec l’âge, la pop ça s’éloigne un peu. On fait des chansons un peu plus sérieuses mais toujours dilettantes.

Cette année, je passe deux examens : celui de The Voice et celui de mon album, qui sera définitivement plus pop rock. J’ai décidé de revenir aux sources.

 

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies.