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Incendies du Cap Taillat et Cap Bénat : « Il n'y aura plus rien pendant au moins 10 à 20 ans »

Quel bilan pour la nature ravagée par l'incendie ? La faune et la flore ont été durement touchées par ces deux feux. La nature va mettre du temps avant de reprendre ses droits.

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 27/07/2017 - Modifié le 28/07/17 16:14
Incendies du Cap Taillat et Cap Bénat : « Il n'y aura plus rien pendant au moins 10 à 20 ans »

C'est un paysage lunaire qui a remplacé les forêts des caps Bénat, Lardier et Taillat. Le feu a parcouru plus de 2000ha sur ces deux massifs. L'heure est désormais au bilan sur le plan écologique et économique.

Quelles espèces ont été touchées par ces incendies ?

Les sangliers et les chevreuils partent toujours en premier, pas de soucis pour eux. Idem pour les oiseaux, certains comme les buses reviennent même par curiosité après les flammes.

C'est au niveau des reptiles que l'impact est conséquent : "Au fur et à mesure, on voit que les zones où vivent les tortues d’hermann régressent" explique Luc Maison de l'Office National des Forêts qui gère ces massifs. Les serpents et les lézard, notamment les lézards verts endémiques à la région, sont eux aussi directement touchés. 

Au-delà de l’impact immédiat pendant l’incendie, la faune qui aurait survécue au feu se retrouve face au problème de la nourriture sur une terre complètement stérile. "Il n’y a plus rien pendant au moins 10 à 20 ans minimum. Une partie de ce massif avait brulée en 1990, nous étions sur une bonne réinstallation de la faune et de la flore." précise ce naturaliste.

Pas question pour autant de réimplanter des espèces. "On aide la faune à se préserver, avec des zones tampon par exemple, mais il est hors de question d'y implanter des tortues d'Hermann par exemple".

La flore a elle aussi été ravagée

"On va faire un constat écologique d’abord. Le feu n’a pas forcément tout brulé. Il a pu rester sur la partie basse de la végétation". 

Deux problèmes se posent après un incendie pour la flore : C'est d'abord le ravinement lors des gros orages, notamment à la rentrée. Le massif des Maures a la chance d'être plutôt vallonné, sans fort relief et puis sa terre retient bien l'eau.

Outre la végétation, le feu détruit aussi la terre. Cette litière brûle sur une hauteur de 10 cm à 500°C et détruit les graines enfouies. Les sols sont alors complètement stérilisés. "Ici on a l’avantage d’avoir une végétation hyperspontanée, très dynamique qui puisse recoloniser les sols. On a aussi une terre très riche grâce au micaschiste. Il nous reste aussi de gros secteurs forestiers qui n’ont jamais été touchés par le feu. C’est un véritable réservoir de biodiversité. On a par exemple des fonds de vallons qui ont brûlé, les geais ont fait un travail considérable en recolonisant en chênes. On a la réserve biologique des Maures, de 2500ha, gérée par l’ONF et ça fait un grand réservoir sur le secteur." explique Luc Maison.

La question du reboisement se pose. La présence massive de pins dans ces massifs favorise un propagation rapide du feu à cause de leurs essences. Une végétation de type chêne vert ou chène liège résiste beaucoup mieux aux incendies. "On repart sur du spontané, on ne fait pas de reboisement. Il ne faut pas que l’homme dénature la nature." Pour éviter l'érosion lors des orages, des fascines seront mises en place. Ces mini restanques en bois permettent de retenir la terre. 

D'ici quelques semaines, de premières pousses vertes devraient réapparaître avec les premières pluies. Dans cinq à dix ans les massifs seront recouvert d'un maquis et dans quinze à vingt ans, ils seront à nouveau recouvert d'une réelle forêt de pins.

Comment améliorer la prévention ?

L’ONF débroussaille le long des pistes. "On a de très beaux exemples de pare-feu qui ont été en appui des pompiers et qui leur ont permis de bien travailler avec. Maintenant, certains pare feu se sont faits aussi traversés par l’incendie."
La solution n’est pas forcément de créer de nouvelles pistes, de nouveaux pare-feu. "Et puis dans certaines zones, nous sommes en réserve biologique intégrale, on ne peut pas créer de nouvelles pistes" précise le naturaliste de l'ONF.

Renaud Muselier "Au niveau du tourisme, on sera directement impacté par ces incendies"

Est-ce qu'on a déjà un idée de l'impact qu'auront ces incendie sur l'économie touristique ?

Au niveau du tourisme, nous avions de très bonnes perspectives en terme de réservation après une très mauvaise année à cause des attentats. Je pense qu’on sera directement impacté par ces incendies. D’autant plus que le Var, est la première destination touristique de la région, donc on aura forcément un impact fort.

Sur le plan écologique, quelle est l'action de la région pour protéger les massifs ?

On met 300.000€ pour 160 vigies qui surveillent les massifs et 2M€, dont 500.000 de l’Europe, pour faire les DFCI, ces pistes en forêt qui font aussi pare feu.

En aval, on a met des moyens pour reboiser et faire en sorte que la terre ne soit pas raviner à la première pluie. Il faut aussi anticiper pour la suite. On a des moyens humains remarquables et très bien organisés. Il faut maintenant des moyens aériens et se tourner vers l’Europe pour disposer d’avions.

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