Dans cette pièce de près d’une heure, plus de 20 interprètes évoluent sur scène principalement en courant à perdre haleine ... Le tourbillon se met lentement en place, mais avec ses longues pauses et ses ruptures de rythmes ne cède jamais à la facilité.
Performance ou danse contemporaine ?
Tout dépend de la définition que l’on met derrière ces termes, en fonction de son éducation ou son expérience de la danse et des spectacles de danse.
Ce qui est certain c’est qu’Olivier Dubois grand metteur en scène de l’espace et du mouvement chorégraphie ce flux incessant de danseurs, ces courses et parfois ces collisions avec brio.
Pièce dans la lignée de « Tragédie » ou « Elégie », il n’y a rien « d’habituel » dans « Auguri », pas de solos, duos, ni de sauts ou de portés mais de la course et des corps qui transpirent, s’essoufflent. Il y a par contre quelque chose de résolument organique, comme l’effervescence d’une ruche ou l’activité bouillonnante d’une fourmilière. Cette masse de matière humaine évolue de façon très physique et on s’attache tour à tour aux mouvements d’ensemble ou à quelques individus au milieu de ce flot d’énergie.
« Il n'y a qu'un seul public: celui qui vient pour aimer... Si les gens viennent pour s'aimer eux-mêmes ou chercher le reflet d'anciennes amours, le contact n'a pas lieu. » disait Maurice Béjart – et suivant que l’on veuille ou que l'on puisse arriver à faire abstraction de son vécu de spectateur pour se laisser aller à la contemplation, la performance pouvait apparaître réellement fascinante ou très perturbante.
De fait ce contact n’a pas été établi auprès de tous les spectateurs et à la fin du spectacle, le public aixois était très partagé … entre huées soutenus et longs applaudissements debout - ce sont ces derniers que je retiendrais.
Au final, l’art de l’Olivier Dubois ne ressemble à aucun autre et comme tous les arts il peut émouvoir ou non. Ainsi les spectateurs suivant leur sensibilité, mais aussi et peut être surtout leurs attentes, aimeront ou détesteront la pièce. « Auguri » est donc une de ces oeuvres qui ne peut pas laisser indifférent et à laquelle on pensera encore longtemps après l’avoir vécue et ne serait-ce que pour cela déjà elle mérite d’être vue.