« Nicht Schlafen » que l’on peut traduire mot à mot par « ne pas dormir » est une œuvre sombre et sibylline.
Que font ses hommes et cette femme réunis autour de deux cadavres de chevaux ? S’agit-il d’un rite païen ? Sommes-nous dans un monde réel ou totalement imaginé ?
La musique dramatique et théâtrale de Mahler matérialise l’univers sonore et participe à la fois au malaise et la dimension onirique de ce huis clos. On est directement plongé au sein d’un groupe aux comportements tribaux, micro-société d’un autre âge ou finalement hors du temps, c’est brutal et direct.
« Nicht Schlafen » est une œuvre à la fois bestiale et très humaine car elle nous plonge aux origines des relations sociales et humaines.
Lentement mais sûrement tout ce petit peuple interprété par des danseurs d’exception évolue et progresse dans un tourbillon savamment orchestré, les tensions se créent et semblent enfin se dénouer. Plus qu’une pièce ou une chorégraphie, Alain Platel nous a fait vivre une singulière expérience.
Par Didier Philispart