Ce n'est pas la première collaboration entre la Galerie David Pluskwa et l'artiste. En janvier 2015 suite aux attentats qui ont frappé Charlie Hebdo, David décidait de lancer une vente aux enchères et proposait à des artistes de créer des oeuvres à cet effet. Luke Newton a accepté volontiers, parce que face à l'horreur "la réaction d'un artiste est de créer", comme il le confiait lors de la conférence de présentation de son Solo Show.
L'oeuvre proposée alors s'inscrivait dans la démarche conceptuelle de l'artiste et il faut le dire avait frappé très fort. Une arme créée en crayons de couleurs, un objet de consommation dangereux pensé avec d'autres objets du quotidien destinés aux enfants. Un thème était né. L'artiste a de nouveau décliné cette idée dans ce Solo Show présenté à la Galerie Pluskwa jusqu'au 15 octobre.
"C'est très anglais de dire des choses graves avec humour."
Ce qui intéresse Luke Newton de son aveu c'est la matière, la gravité exprimée avec dérision, "les choses du quotidien", et la reconnexion avec l'objet physique. La plaque représentant des paquets de cigarette avec des perles est l'image même de la démarche conceptuelle de l'artiste. Dans cette création Luke Newton réduit le paquet de cigarette, un objet de consommation qu'on achète et jette mais qui est quand même packagé, "joli", à sa forme et à sa couleur. "On dirait qu'il s'agit de paquets de cigarette mais en fait ce sont justes des formes avec des perles".
"Ce qui m'intéresse c'est le détournement des matières. C'est aussi le fait d'utiliser des jeux pour les enfants pour créer des produits de consommation mauvais."
Luke Newton considère qu'on a perdu notre lien avec la matière. Le hashtag en noir et blanc pourrait être copié des milliers de fois en usine, mais l'artiste prend le temps de le concevoir (8 heures au total). Bien qu'il admette lui aussi se transformer en usine, pour créer notamment ses oeuvres en crayon. "Je me lève, je taille les crayons. Je colle. Je fixe. Je me couche. lève, je taille les crayons. Je colle. Je fixe. Je me couche", et ce pendant plusieurs jours explique-t-il pour étayer son propos.
Si les oeuvres sont très esthétiques et colorées, si la technique est remarquable - aucun point de colle n'est visible entre les crayons, et contrairement à ce qu'on croirait, les hashtags n'ont pas été découpés - la démarche conceptuelle, le message de l'artiste est encore plus intrigant.