chargement en cours

Escale réussie, avec The Do et Yael Naïm - 2008

Pour son avant-dernière date, Les Escales du Cargo avaient convié sur la scène du Théâtre antique d’Arles, deux têtes d’affiche qui ont le vent en poupe … et c’est tant mieux : The Do et Yaël Naïm ont insufflé une sacrée bouffée d’air frais à cette soirée.

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 19/04/2006 - Modifié le 04/04/12 15:25

Zen et sympathique, l’état d’esprit qui préside aux Escales du Cargo est dans le ton des deux concerts qui vont joyeusement s’y jouer … non sans rebondissements.

Première partie de soirée : le couple franco-finois de The Do débarque sur scène avec un troisième acolyte batteur et un set de vaisselle suspendu autour de lui : couvercles et plats métalliques enrichiront ainsi, par petites touches, de sonorités toutes particulières l’énergie résolument rock de ce concert. La veine folk revendiquée par The Do, et à laquelle on s’attendait forcément, s’insère en effet plutôt singulièrement dans ce live qui, du coup, prend de la niaque et beaucoup plus de reliefs.

La petite Olivia, lookée façon apache moderne (ou inuit, c’est selon), et Dan, le beau mec au chapeau noir, ont tout pour plaire. Multi-instrumentistes, ils alternent les pratiques, de la guitare électrique au synthé pour elle, de la basse au xylophone pour lui ; tous deux bilingues, ils proposent des chansons en anglais mais parlent au public en français (ça facilite drôlement le contact, quand même) ; jeunes de carrière, ils ont la fraîcheur des groupes qui n’ont pas encore beaucoup tourné.
Loin des shows rodés au détail près, certes pros mais qui manquent cruellement de charme, The Do donne un concert musicalement très calé, mais tellement spontané .. que ça plaît ! Faut dire : les bavardages d’entre-morceaux avec le public se font malheureusement rares sur les «gros» concerts où les artistes, enchaînant titre sur titre, bouclent peut-être une prestation sans faute, mais sans vie.

Du liant, The Do en a mis entre ses chansons, et le groupe propose même de nouvelles compositions : « on profite de ce genre d’endroit intimiste pour jouer de nouvelles chansons qu’on ne pourrait pas faire ailleurs », confie Olivia. On est flattés : les zéniths et autres grandes salles parisiennes n’ont pas ce privilège!

Et c’est aussi là que la soirée prend du sens : tout s’accorde, s’harmonise, dans ce théâtre en pierre vieux de quelques 2 000 ans, ouvert sur l’azur du jour finissant, où chacun, du vigile à l’entrée, au serveur de la buvette, en passant par les organisateurs –une équipe de passionnés- et bien sûr le public, distribue des sourires parce qu’il prend simplement plaisir à être là.
Ambiance chaleureuse et conviviale, donc, à la hauteur de la programmation de ce soir.

Après une heure un quart de prestation Do-esque, rappel et ovation compris, le plaisir se poursuit, crescendo.

Petite par sa taille mais grande par son talent, la belle Yaël Naim confirme le succès de son premier album sur scène, sa présence en plus. Et vraiment, ça change tout. Plutôt volubile et rieuse, elle achève d’emballer en moins de deux un public déjà conquis, des pré-ados aux (vieux) parents.

La brillante reprise de Toxic, ou comment faire de l’or avec de la boue, intervient en début de concert. Suivent quelques chansons de l’album, puis un morceau en français, où, explique la chanteuse toujours en rigolant, le public « doit chanter, c’est comme ça ». Enthousiaste, il suit, mais ce qui suit alors, c’est la pluie. Aïe ! Chanterions-nous si faux ?

Nous sommes à une heure de concert, quand la première petite goutte se transforme en vraie averse … Tandis que précipitamment les techniciens déplient des tentes sur scène pour protéger les instruments –et leurs instrumentistes, faudrait pas qu’ils signent le remake de Claude François-, le public lui, descend enflammé des gradins pour regagner le parterre. Yaël et ses musiciens ne se sont pas arrêté de jouer, ni de chanter, au contraire : une impro sur le vif de Singing in the rain provoque l’euphorie dans le théâtre. Ca chahute et ça chantonne les bras en l’air, et ça réclame « une autre ! » quand Yaël enchaîne sur le très attendu New Soul. Plus savoureux que jamais !

La pluie se calme, mais on nous l’annonce : après une « petite dernière » chanson, le groupe se retirera, même si c’est avant l’heure. « C’est très sympa d’être restés, mais c’est trop dangereux » explique le batteur percussionniste devenu messager de mauvaise fortune.

Il ne pleut maintenant carrément plus, mais c’est la fin. Qu’importe : personne n’est vindicatif, tout le monde semble comblé. Entre autres, par le compliment de Yaël, qui lance en partant, un heureux « vous êtes incroyables ! ».

Mais oui, mais oui, c’est comme ça aux Escales du Cargo : tout est vraiment à la hauteur, sans vraiment se prendre la tête.

Marion Bonnefond
& JB Fontana

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies.