Stephan Zaubitzer n’est pas un voleur d’images : son dispositif ne le lui permet pas. Parmi les derniers, il photographie en effet à la chambre sur pied, la tête cachée par le grand voile des appareils d’antan. « Cérémonial », dit-il – qui répond admirablement au cérémonial que l’on célébra, ou que l’on célèbre encore un peu, dans les lieux qu’il documente.
D’un bout du monde à l’autre, le photographe rassemble une étonnante collection de ces sanctuaires profanes du samedi soir que sont les salles de cinéma. Il n’est pas nécessaire d’être bien vieux pour se souvenir des séances… du siècle dernier ! En franchissant la porte, on entrait dans un lieu un peu féérique, avec ses figures (l’ouvreuse), ses rituels (les actualités, l’entracte) puis, quand on était assez préparé, l’irruption de musiques aussi kitsch qu’inoubliables (les balalaïkas du Docteur Jivago !) et la magie du rai de lumière chargé de rêves venant du saint-des- saints où officiait, invisible, le projectionniste.
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