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Les Nuits de la Guitare, une passion intacte

Les Nuits de la Guitare fêtent cette année leur 25ème anniversaire. Si le bonheur du public et des artistes de partager leur passion de la musique est intact, le plus important festival de Corse est aujourd'hui en difficulté.

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 24/07/2015 - Modifié le 27/07/15 08:53
Les Nuits de la Guitare, une passion intacte

"Tous les artistes dont je rêvais au départ sont passés à Patrimonio" nous confie Jean-Bernard Gilormini, président et co-fondateur du festival des Nuits de la Guitare. Pour sa 26ème édition, le festival propose à nouveau une affiche impressionnante dans la lignée de son histoire. Les plus grands noms de la guitare y sont certainement passés un jour. Il reste bien quelques pointures, mais ce ne serait raisonnablement pas sérieux de les inviter dans ce village de 700 âmes en hiver.

Chaque année, ce sont près de 20 000 amateurs de musique qui se retrouvent autour d'un menhir du théâtre de verdure. Le village est profondément transformé pour accueillir au mieux les stars et le public. Quand une foule de 3500 personnes acclame Julien Doré ou Michel Fugain, difficile de s'imaginer que nous sommes sur la rue principale du village.

Le festival a son petit secret pour accueillir les stars de la guitare. Il y a quelques année, quand Jeff Beck était venu jouer en France, il avait programmé deux dates : l'Olympia et Patrimonio. Est-ce en raison du cadre enchanteur de la scène, entre l'église classée et les vignes qui valent la renommée du village ? Ou tout simplement à l'accueil réservé aux artistes qui prennent tout simplement plaisir à venir jouer aux Nuits de la Guitare.

"Le festival est en péril " Jean-Bernard Gilormini

L'année 2014 a été très difficile pour le festival avec un lourd déficit. Avec un budget tendu, le moindre échec de fréquentation sur une soirée met en péril le festival. Les frais sont bien plus élevés en Corse où le soutien des collectivités locales est proportionnellement moins important que sur le continent et où les frais sont décuplés. "Pour Shaka Ponk, nous accueillons une équipe de 37 personnes entre les artistes et tout le staff qui bosse sur leur tournée. Cela engendre d'importants frais d'hébergement et de restauration, en pleine période touristique" explique le directeur du festival.

La part des subvention étant très faible, le festival vit essentiellement grâce aux recettes de la billetterie et du bar.

Heureusement, le coeur du festival bat grâce aux bénévoles. Durant ces 26 années, le festival a créé une véritable famille de passionnés qui se donne rendez-vous chaque été pour "monter" les Nuits de la Guitare. Accueil du public et des artistes, loges, restauration, bar... Les besoins sont nombreux pour créer un festival de toute pièce dans ce lieu magique mais pas forcément adapté. Rien qu'au bar, c'est une équipe d'une vingtaine de bénévoles qui tient le comptoir durant le festival, mais qui joue aussi au menuisier et au plombier avant et après le festival. Au fil du temps, le festival s'est réellement professionnalisé tout en conservant l'esprit et l'ambiance de ses débuts au sein des bénévoles.

Comme la plupart des festivals, les Nuits de la Guitare sont touchées par la crise. Baisse des subventions d'une part, mais surtout, une fréquentation en berne. Si le prix du billet est resté stable, entre 30 et 45 euros, les spectateurs ont plutôt tendance a réduire le nombre de soirées. Une équation complexe pour l'association qui a d'importants coûts fixes liés au montage de la scène et de l'enceinte du festival. "avant même qu'un artiste monte sur scène, chaque soirée nous coûte 25 000 € ( sans les cachets) sur huit dates". Faire autant de soirées permet aussi d'amortir ces coûts fixes.

Heureusement, le festival peut compter sur le soutien des artistes. La plupart ont joué le jeu cette année pour soutenir le festival. Shaka Ponk, Bertignac, Marcus Miller, Chico et les Gypsies ou encore Mathieu Chedid ( venu en famille) sont ravis de revenir jouer à Patrimonio et ont accepté de réduire leur cachet. "Ils allient plaisir de jouer et solidarité" résume Jean-Bernard Gilormini.

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