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Retour à Berratham, Angelin Preljocaj de retour en Avignon

Dans le cadre toujours aussi bouillonnant du festival d’Avignon, Angelin Preljocaj présentait vendredi 17 juillet sa création « Retour à Berratham » dans la cour d’honneur du palais.

Publié par Redac . le 22/07/2015
Retour à Berratham, Angelin Preljocaj de retour en Avignon

Berratham est une ville fictive aux accents de Sarajevo le lendemain des conflits. La guerre est passée par là mais hante encore les lieux et les hommes.

Le chorégraphe reprend les ingrédients qu’il avait utilisé dans sa pièce de 2012 « Ce que j’appelle oubli », un texte de Laurent Mauvignier déclamé solennellement et bien sûr son langage de la danse heurté, tranchant, intransigeant. Même si les ingrédients de base sont les mêmes, la recette à la hauteur des lieux a été développée. Cette fois les interprètes sont plus nombreux : 11 danseurs et 3 acteurs, la partie narrative a été étendue et les voix se répondent parfois pour occuper l’espace. 

Dans ce décor, ce lieu imaginé par le plasticien Adel Abdessemed, vaste  terrain vague grillagé, peuplé de sacs poubelles  et d’une carcasse de voiture, les narrateurs, marionnettistes ou simples observateurs s’élèvent souvent au-dessus des protagonistes. La violence sociale est toujours présente car il est ici question d’affrontements physiques, de vengeances, de meurtres et de viols… mais aussi à l’opposé, forcément d’amour.

Le texte de Laurent Mauvignier a cette fois été conçu sur mesure,  efficace, explicite, il guide l’action et laisse finalement peu de place à l’intime ou à une réflexion personnelle.

Face à ce tableau si noir, dépeignant tant de violences, on cherche instinctivement le rayon de soleil, la lueur d’espérance.  Cette respiration nous apparait finalement de la danse elle-même. Les phases de chorégraphies, trop rares sans doute par rapport au texte, nous offrent  une danse fidèle au langage chorégraphique d’Angelin Preljocaj. C’est à dire incisive et brutale parfois mais toujours infiniment esthétique, à laquelle on accroche ses espoirs comme sur une bouée jetée à la mer.  La danse ne suit pas les mots, elle leurs est complémentaire et leurs donne cet écho, cette dimension plus intuitive, cette nécessaire part introspective et émotionnelle.

Œuvre non convenue,  « Retour à Berratham » trouve légitimement sa place dans l’enceinte du palais des papes, on a toutefois hâte de retrouver cette pièce dans l’univers plus intimiste d’une salle de théâtre* afin d’être plongé un peu plus au cœur de cette création.

Didier PHILISPART


* « Retour à Berratham » est présenté au Festival d’Avignon du 17 au 25 juillet
Aix en Provence - Grand Théâtre de Provence du jeudi 17 au samedi 19 septembre
Arcachon – Théâtre Olympia – mercredi 23 Septembre
Paris - Théâtre National de Chaillot du 29 septembre au 23 Octobre

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