Une tendresse infinie rayonne sous la gravité ; elle éclaire étrangement les rapports mystérieux d’une fratrie.
Quatre frères. Quatre adolescents enfermés dans la maison familiale. On ne s’aime ni se déteste, on est simplement frères. Et l’adolescence est cet étrange passage où les individus se révèlent dans leur singularité. Dehors la tempête de neige fait rage. Isolement. Le père est tombé dans la neige. Une attaque. La mère est au chevet du père. La veille de l’accident, Léo a été viré du lycée. Quelques jours entre la vie et la mort du père. Quatre frères livrés à eux-mêmes. On s’organise. On mange. On se dispute l’autorité. On rêve de son avenir. On culpabilise l’accident du père. On veut découvrir la raison du renvoi du frère. Un temps suspendu, où la fratrie se dessine, s’affronte, suffoque. Un dessin tout en poésie et en tendresse des liens mystérieux et complexes qui peuvent se tisser à l’adolescence. Et une question : la différence est-elle soluble dans la fratrie ?
Profonde gravité, naïveté et humour ne cessent d’alterner, donnant à cette Fratrie une dimension humaine bouleversante dans sa simplicité. Fratrie, en restant un spectacle tout public, s’adresse aussi aux adolescents. A travers ce texte étonnamment sensible de Marc-Antoine Cyr, le metteur en scène Renaud Marie Leblanc met en questionnement l’émancipation du territoire familial. Joué par de jeunes acteurs de talent, l’identification est troublante et permet, comme seul parfois le théâtre sait le faire, de se raconter au présent.