Les personnages imaginés par Yasmina Reza réclament authenticité, tranchant et second degré, facultés que possèdent les prodigieux acteurs réunis autour de Zabou Breitman qui incarne le personnage de l’écrivain.
Pour cette comédie de haut vol, parfois grinçante mais toujours pleine d’esprit et enlevée, Yasmina Reza dépeint un milieu littéraire parfaitement connue d’elle et qui, très vite, se révèle refléter une troublante peinture de société. Nathalie Oppenheim, écrivain, se retrouve au coeur d’une petite ville de province pour parler de son oeuvre. Elle qui se dit « réservée, peu encline à se commenter » a accepté l’invitation de l’animateur local, on ne sait pourquoi. Il est connu qu’on ne se tient pas toujours aux règles qu’on fixe soi-même. La pièce est le récit d’un inconfort où chacun s’efforce de jouer la partie à laquelle il est convié. On peut lire cette pièce de plusieurs manières. Evidemment un texte sur la littérature – le titre en constituant une intéressante définition. Mais plus précisément, une variation sur le dévoilement, les froissements psychiques, l’ambiguïté des rôles. Inévitablement, le microcosme renvoie au macrocosme. Et, sous les regards mielleux, la sincérité malmenée, les rêves avortés ou le snobisme inavoué, c’est un portrait de l’humain, parfois tendre, parfois cruel, mais toujours d’une justesse et d’une drôlerie incomparables qui se révèle.