L'homme, qui n'aime rien moins que la précipitation et pour qui la nécessité intérieure fait loi, a récemment enregistré pour La Dolce Volta un disque consacré au Polonais apatride, marqué par la puissance de sa vision artistique. Plus de trente ans sans graver Chopin – alors que sa discographie, par ailleurs, est particulièrement fournie... – lui ont en effet permis de mûrir son approche du compositeur, et de se distinguer par sa sincérité et son tempérament dans la pléthore d'enregistrements disponibles.
Les Préludes op. 28, superbe recueil de « moments musicaux » romantiques, y prennent un visage volontiers tendu, sans pour autant que ce parti pris d'interprétation nuise en quoi que ce soit à l'éventail des couleurs instrumentales ni à la pureté de l'articulation, où chaque plan s'organise admirablement. La Sonate n° 2, organisée autour de sa poignante marche funèbre, complète les préludes. Jean-Philippe Collard y emmène l'auditeur des pages les plus débridées du scherzo au mirage sonore du finale, enfui avant même d'avoir commencé, avec un égal bonheur. « Cela m'a pris des décennies avant de me sentir à l'aise avec Chopin. Aujourd'hui, je suis confiant dans ma manière d'aborder ce répertoire », avoue le pianiste. Et il a bien raison.
